Le journal d'Erchinoald

Dans un précédent billet, Le pourcentage des Juifs en Israël est en baisse, j'écrivais donc que la proportion des Juifs dans la population israélienne était en diminution avec une baisse de 6,2 points en 22 ans passant de 81,7% à 75,5% entre 1988 et 2010.

Il s'agit d'un déclin relatif mais pas en chiffre absolu. En 20 ans, le nombre des Juifs en Israël est passé d'environ 4 millions en 1990 à plus de 5,7 millions en 2010 soit une augmentation de 42%. Dans le même temps, la population israélienne totale progressait de 58% passant de 4,82 à 7,62 millions.

Les non-Juifs (étrangers compris) qui étaient environ 900 000 en 1990 sont désormais plus de 1,8 millions soit un doublement de leur nombre en 20 ans et les projections à long terme leurs sont favorables.

Le cycle de négociations israélo-palestiniennes qu'avait voulu lancé Barack Obama semble bel et bien terminé et ce sur un constat d'échec. Déjà plus d'un mois sans la moindre rencontre entre Benyamin Netanyahou et Mahmoud Abbas.

La raison principale de cet échec est connue: le refus du gouvernement israélien de prolonger le moratoire sur la colonisation en Cisjordanie auquel les Palestiniens ont réagi en refusant de continuer les négociations dans ces conditions.

On peut se demander si les Israéliens n'ont pas tout fait pour saborder volontairement ce cycle de négociations engagé sous la pression des Etats-Unis.

Quant à l'Autorité palestinienne, pouvait-elle accepter de continuer à participer aux négociations alors que la colonisation reprenait comme si de rien n'était?

Bien sûr que non.

En se basant sur le calendrier hébraïque, Israël a fêté le 20 octobre dernier, le quinzième anniversaire de la mort d'Ytzhak Rabin qui a eu lieu un 4 novembre selon le calendrier grégorien.

Les colons ont décidé de célébrer cet évènement à leur façon: la radio Aroutz 7 qui est tenue par des colons, a lancé une campagne pour disculper Yigal Amir de l'assassinat de Rabin. Selon elle, ce ne serait pas lui le responsable mais le Shin Beth, le service de sécurité intérieure.

On nage en pleine théorie du complot. La justice israélienne a reconnu Amir coupable depuis belle lurette et l'a condamné à la prison à vie.

Cette campagne a un but évident: innocenter celui qu'une bonne part de l'extrême-droite considère comme un héros en en faisant la malheureuse victime d'un odieux complot visant à disculper les "vrais" responsables de  l'assassinat de Rabin.

Dans mon billet précédent intitulé Le pourcentage de Juifs en Israël est en baisse, j'ai malencontreusement oublié de préciser la source d'où j'avais tiré les chiffres utilisés. Il s'agissait de l'hebdomadaire Courrier international n°1041 (14-20 octobre 2010).

A la fin du même billet, il faut lire: remettre en cause (j'ai oublié: en cause) mais vous aviez sûrement déjà compris de vous-même.

Entre 1988 et 2010, la proportion de Juifs dans la population israélienne est passée de 81,7% à 75,5% soit une baisse de 6,2 points en 22 ans. Pourtant, pendant la même période, Israël a accueilli plus d'un million d'immigrants.

Deux explications complémentaires peuvent être avancées. La première, c'est qu'il y a peut-être plus de Juifs à quitter Israël que de Juifs à faire leur alyah. La seconde, c'est que les Arabes israéliens ont peut-être une natalité supérieure à celle des Juifs israéliens.

Si cette baisse du pourcentage des Juifs dans la population israélienne se confirme (certains prévoient 73,5% de Juifs en Israël en 2015 et 70,6% en 2025) alors cela pourrait remettre à très long terme la nature juive de l'Etat d'Israël voire la pérennité du projet sioniste.

Mahmoud Ahmadinejad, le président iranien, vient de passer deux jours au Liban dans le cadre d'un voyage officiel. Sans surprise, ce fut l'occasion, pour lui, de multiplier les diatribes anti-israéliennes prédisant même que la Palestine sera libérée.

Avant de rentrer en Iran, peut-être aurait-il aimé faire un détour par la Bande de Gaza où il aurait sûrement été aussi chaleureusement accueilli par le Hamas que par le Hezbollah au Liban. De là, il aurait pu continuer ses provocations anti-israéliennes à quelques encablures d'Israël devant un public acquis d'avance à sa cause mais l'Etat hébreu impose toujours un très strict embargo sur la Bande de Gaza. De toutes façons, Ahmadinejad avait déjà pu faire son show anti-sioniste aux portes d'Israël même si ce fut au Liban.

Tout bien réfléchi depuis mon précédent billet, le moratoire sur la colonisation en Cisjordanie aurait dû être prolongé. Comment, en effet, négocier sérieusement si les colonies continuent à s'étendre comme si de rien n'était alors qu'un des enjeux essentiels, c'est celui de la terre?

Cela semble surtout montrer que ses négociations n'ont peut-être jamais été prises au sérieux par Israël. Il faut dire que le moratoire n'avait été accepté par le gouvernement israélien que sous la pression des Etats-Unis qui souhaitaient relancer un processus de paix israélo-palestinien quasi-moribond depuis bien longtemps, un processus de paix qui pourrait de nouveau capoter, à peine redémarré.

Drôle de situation. Le 26 septembre, a pris fin le moratoire sur la colonisation en Cisjordanie sans qu'il soit renouvelé et nul ne sait si les négociations israélo-palestiniennes vont continuer ou non. Pourtant, Mahmoud Abbas, le président de l'Autorité palestinienne, avait dit que la non-prolongation du moratoire serait une cause de rupture des négociations et, pour le moment, il n'a rien annoncé sur ses intentions. Il semble prendre son temps pour continuer à participer ou non aux négociations. Peut-être craint-il d'apparaître comme celui qui aurait provoqué l'échec de cette nouvelle tentative de relance du processus de paix alors que la fin du moratoire ne s'est accompagné de la reprise que d'un nombre limité de chantiers de construction en Cisjordanie. Réponse probablement pour la prochaine rencontre israélo-palestinienne.